source Etxerat
Enara Rodríguez, la sœur du prisonnier politique basque Arkaitz
Rodriguez, a porté plainte lundi dernier au Tribunal de Donostia pour
une grave agression subie à son retour d’une visite à la prison de
Logroño de la part de deux personnes qui se sont présentées comme des
policiers. Elle a donné son témoignage hier lors d’une conférence de
presse au côté des représentants d’ETXERAT.
Le 28 septembre dernier, vers 18h30, alors qu’elle revenait de la
visite et se trouvait sur l’autoroute A12 dans la direction d’Iruña –
Pampelune, une Opel Astra grise occupée par deux hommes s’est mise à sa
hauteur sur la voie de gauche. Qu’elle accélère ou ralentisse, la
voiture faisait la même chose.
À la hauteur de la sortie de Arroitz, la voiture grise s’est déportée
de façon à obliger Enara à sortir de l’autoroute. La jeune femme a
perdu le contrôle de son véhicule qui a fait plusieurs tours sur
lui-même. Quand elle s’est ressaisie, elle s’est arrêtée au bord de la
route.
Elle a alors réalisé que deux hommes se tenaient près de sa voiture.
L’un d’eux s’est placé devant pour l’empêcher de repartir, l’autre a
commencé à cogner violemment sur la vitre en criant des choses comme «
sale garce, descend de la voiture ! ». Elle a refusé de descendre et
leur a dit de partir. Ils l’ont alors appelée par son nom et lui ont
montré une carte de police, il lui a semblé que c’était une carte de la
Police Nationale espagnole.
L’homme qui se trouvait près de la fenêtre lui a demandé ses papiers.
Après cinq minutes dans cette situation, elle a commencé à baisser sa
vitre. L’homme a passé le bras à l’intérieur, a ouvert la porte, l’a
attrapée par les cheveux et l’a jetée au sol. L’un d’eux a mis son pied
sur elle pour qu’elle ne puisse pas se relever. À partir de ce moment,
les insultes, les menaces et la violence ont augmenté. Aux insultes
sexistes et menaces de viol, se sont ajoutés les attouchements. Ils lui
touchaient les fesses et les seins en s’adressant à elle. Elle essayait
de leur échapper, mais cela renforçait leur fureur et ils la
rattrapaient par le cou. Ils criaient tout le temps : « si tu ne la
fermes pas, on aura quelque chose à fêter ce soir », « tu es une salope
courageuse, on verra si ça sera toujours pareil quand on t’aura violée
». Finalement ils l’ont relevée en la tenant par le cou, et lui ont dit :
« on va faire un jeu, tu remontes dans ta voiture, on te donne cinq
minutes et tu roules tout ce que tu peux. Si on te revoit sur
l’autoroute, tu ne pourras plus jamais raconter cette histoire ». Enara
raconte « J’ai repris la voiture et j’ai commencé à rouler à toute
vitesse. J’étais terrorisée. J’ai réagi au bout de dix minutes, je
roulais si vite et j’étais si nerveuse que j’allais avoir un accident,
et j’ai pensé que c’est ce qu’ils voulaient, que j’aie un accident sans
qu’ils participent ».
Comment devons-nous comprendre cette agression ? Et comment la
société doit-elle la comprendre ? L’agression subie par Enara est un
nouvel exemple du harcèlement que doivent subir les familles de
prisonniers. Ils nous punissent avec la dispersion, et le fait de subir
agressions, harcèlement et mauvais traitements pendant que nous
exécutons cette punition nous semble extrêmement grave, trop grave.
C’est inacceptable, et il est indispensable que ceux qui permettent la
dispersion y mettent un terme immédiatement, pour le respect de nos
droits, de ceux de nos proches qui sont prisonniers, et aussi pour notre
sécurité. De plus, il nous paraît indispensable que l’enquête soit
menée suite à la plainte déposée par Enara, que la lumière soit faite
sur ce qui s’est passé et que les responsabilités soient prises en
conséquence.
Une politique pénitentiaire d’exception est appliquée à ceux de nos
proches et parents qui sont prisonniers, mais nous aussi devons la
subir. La dispersion est notre punition. Ces voyages sont déjà très durs
: horaires de visite inadaptés, transferts sans avertissement à la
famille, aléas de la météo, fouilles, frais énormes…. Ces conditions ont
de graves conséquences, dont les plus dures sont les accidents parfois
mortels qui surviennent régulièrement sur les routes des visites en
raison du stress et de la fatigue. 16 proches de prisonniers sont déjà
morts dans ces conditions. 12 accidents ont déjà eu lieu depuis le début
de l’année.
Malgré tout, nous répétons que nous aimons et que nous voulons le
retour chez eux de nos parents et amis qui sont prisonniers. Ces visites
sont indispensables pour eux comme pour nous, et nous continuerons à
les faire.
Euskal Herria, le 10 octobre 2012