samedi 9 avril 2011

"aski da!" "Cela suffit !"

Euskal Herriko Kazeta / Le Journal du Pays Basque- 08/04/2011-

“Aski da !”, "CELA SUFFIT" un cri lancé par les familles

Ce dimanche 10 avril aura lieu à Saint-Pée-sur-Nivelle au local Oxtikenean à partir de 12 heures un repas en solidarité avec les prisonniers basques Txistor Haramboure, Jakes Esnal, Unai et Ion Kepa Parot incarcérés dans différentes prisons des Etats français et espagnol. “C’est un drôle d’anniversaire !”, soupire Ursoa Parot, la sœur d’Unai et Ion Kepa Parot. “ Nous faisons ce repas en solidarité avec eux. Les familles sont épuisées et ruinées. Il y a un grand besoin de solidarité à tous les niveaux, moral et économique”, ajoute-t-elle.

Depuis les arrestations de ces militants basques, les 2 et 5 avril 1990, qui ont été condamnés à perpétuité, les familles dénoncent les conditions de détention des uns et des autres. “Nous devons subir l’acharnement insatiable des pouvoirs espagnol et français à tous les maintenir prisonniers à vie. Le royaume d’Espagne a même créé une jurisprudence spéciale dite ‘doctrine Parot’ [Unai Parot est incarcéré à la prison de Puerto Santa Maria en Andalousie], pour que tous les prisonniers condamnés à de longues peines purgent 30 ans en totalité (pour les détenus avant 1994) et 40 ans incompressibles (pour les détenus après 1994). Dans l’Etat français, les conditions pour accéder à la libération conditionnelle sont extrêmement draconiennes et Ion, Jakes et Txistor sont donc toujours incarcérés. La première demande de Ion Kepa ayant été rejetée en 2007”, expliquaient les familles dans une tribune libre parue dans notre journal.

Demande de mise en liberté

Précisément, concernant Ion Kepa Parot, après une première demande de liberté conditionnelle en 2007, qui fut refusée, une deuxième demande a été déposée. Le Tribunal spécial d’applications des peines " antiterroriste" s’est réuni le 17 février dernier et a émis une décision favorable à cette demande. Mais le parquet a fait appel et la décision finale sera connue le prochain 28 avril.

“Le procureur pense que Ion Kepa n’a pas fait assez de prison. Lui comme les parties civiles disent que c’est un récidiviste potentiel. Pourtant, le Centre national d’évaluation a jugé qu’il n’avait aucune dangerosité. C’est d’ailleurs le premier prisonnier basque qui passe par ce centre. Le détenu est scruté par des psychiatres pendant un mois. C’est un dispositif qui fait partie de la loi Dati, réservé normalement aux pédophiles et aux violeurs”, explique sa sœur Ursoa Parot, qui ajoute que le procureur et les avocats des parties civiles espagnoles “veulent lui imputer l’assassinat du président du TOP (Tribunal de l’ordre public) franquiste, le "célèbre" juge de la dictature, Mateu Canovas, impliqué dans des centaines d'exécutions d’opposants politiques. Concernant Ion Kepa personnellement, Il n’y a aucun indice ni commencement de preuve dans ce dossier”.

Par ailleurs, si le tribunal accède à cette demande de liberté conditionnelle, Ion Kepa Parot devra passer une année de période probatoire sous surveillance, dans une ferme bio en Picardie. Puis s’ensuivra une interdiction de séjour dans le grand Sud-ouest pendant cinq années. “Au total, cela lui fera 27 années loin des siens !”, constate Ursoa Parot.

Quant à son autre frère Unai, incarcéré à Puerto Santa Maria, à plus de 1200 km du pays, sa sœur explique qu’“il est en quartier d’isolement : 20 heures seul, dans une cellule sans lumière naturelle avec une fenêtre en hauteur qui donne sur un mur. Une sortie deux fois deux heures, dans une petite cour avec un filet en haut, sansun brin d' herbe. Voilà le quotidien de mon frère”. Forcément, on lui pose la question afin de savoir que pensent ces frères du processus en cours en Pays Basque Sud : “Mes frères sont tout à fait favorables à ce processus. Ils considèrent que cela se présente d’une meilleure façon que la fois précédente. De toute façon, leur but était de donner la parole au peuple basque. C’est la seule chose que l’on demande, ce n’est pas l’indépendance. Mais aujourd’hui, vraiment, nous considérons nos prisonniers comme des otages”. Béatrice MOLLE

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