Naia Lacroix a cessé la grève de la faim, car elle a reçu l’assurance d’être transférée
23/05/2012
Benjamin DUINAT
Avant-hier, la Senpertar Naia Lacroix a cessé une grève de la faim commencée le 14 mai dernier afin de protester contre son isolement du reste du Collectif des prisonniers politiques basques. Elle envisageait de durcir son combat par le biais d’une grève de la soif.
Hier à 14 heures, lors d’une conférence de presse, Emili Martin d’Herrira a annoncé “que Naia Lacroix vient de cesser sa grève de la faim car elle a reçu l’assurance qu’elle serait rapidement transférée et qu’elle ne serait plus isolée en détention. Son nouveau lieu de détention sera dans la région de Dijon. Soit à plus de 800 km du Pays Basque, et de sa famille.”
Lundi soir une motion votée au Conseil municipal de Saint-Pée-sur-Nivelle avait entériné la proposition des élus abertzale d’adresser une pétition signée au juge en charge de l’affaire. Le texte, notamment approuvé par la maire Christine Bessonart, adjurait la juge en charge de l’affaire de ne pas oublier “que la présomption d’innocence existe, Naia n’est pas encore jugée, elle est donc présumée innocente.” La jeune senpertar avait été arrêtée le 14 février dernier sur ordre du parquet antiterroriste de Paris, au motif d’une tentative présumée d’un attentat échouée, contre une résidence secondaire.
Après huit jours de grève de la faim, N. Lacroix sera transférée. Mais, il n’y a pas de prisonnière basque dans la prison où elle sera incarcérée. Cela signifie, par conséquent, qu’une autre prisonnière devra y être aussi transférée. Rien n’a encore été communiqué à ce sujet.
Certains n’ont pas manqué de rappeler quelles sont les conditions d’incarcération des prisonniers basques. Naia Lacroix a passé trois semaines en cellule disciplinaire. Les parents avaient dû attendre trois semaines avant de pouvoir voir leur fille au parloir. Jeanine Beyrie, d’Etxerat, a tenu à souligner qu’ “il y a longtemps que l’on ne traite plus ainsi nos animaux domestiques.” Gabi Mouesca, également présent, a pris la parole afin de dénoncer une politique de répression fondée sur “véritable peine au carré. D’une part, Naia Lacroix est privée de sa liberté sans avoir été jugée. D’autre part, elle a subi une mesure d’isolement, puisqu’elle n’avait aucun contact avec les prisonniers politiques basques. Or, on constate qu’une mesure répressive en remplace une autre : l’éloignement se substitue à l’isolement.”
La maire C. Bessonart s’interroge sur les raisons de l’arrestation de Naia Lacroix “au moment même où les choses s’apaisent. C’est sans doute fait pour envenimer les choses, ce qui est très mal venu.” E. Martin et G. Mouesca se sont également exprimés sur l’incompréhension et le désarroi qu’a causés la détention sans jugement de la jeune femme dans le contexte actuel : “nous voici à rendre public des faits et situations que nous avons toujours considérés comme inacceptables, mais qui aujourd’hui, au regard du contexte politique nouveau découlant du processus de Paix en Euskal Herri, sont non seulement inacceptables mais également irresponsables.”
Hier matin, deux gendarmes se sont présentés au domicile d’Audrey Lacroix, la sœur de Naia, pour la convoquer en vue d’une prise ADN. “Lors de l’arrestation de février, j’avais refusé. Mais ils avaient conservé mon tee-shirt et ma culotte. Donc, ils l’ont déjà”, a précisé A. Lacroix.
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