Pays Basque
Guerre sale: le retour?
23/05/2009
Ils sont 25 et brandissent une affiche où est écrit : «Zapatero, Sarkozy, Non da Jon?»Ils sont militants ou élus des deux côtés de la frontière et veulent savoir ce qui est arrivé à Jon Anza, disparu depuis le 18 avril, alors qu'il se rendait à un rendez-vous à Toulouse et avait pris le train en gare de Bayonne.
En début de semaine, ETA affirmait dans une note «qu'elle n'avait aucun doute. Derrière cette disparition, comme au temps du Gal se trouvent les forces de polices et la collaboration française. Jon Anza est militant de l'organisation et la police le sait, puisqu'elle avait découvert des empreintes dans une cache trouvée par la Police. Cependant la Police cacha cette prise.»Et la propre organisation d'informer que Jon Anza avait rendez-vous à Toulouse avec ETA, pour remettre une somme d'argent. Un rendez-vous auquel il ne se rendra jamais.
«Si la semaine dernière, toutes les pistes étaient ouvertes, des éléments nous dirigent vers ce qui nous fait le plus peur, un nouvel épisode de la guerre sale. Car ce qui est inquiétant, c'est qu'un militant surveillé disparaisse»lance Muriel Lucantis. Pour le dirigeant de Batasuna Xabi Larralde, «c'est l'hypothèse la plus crédible. Celle d'un enlèvement.
Dans le cadre de cette hypothèse, ce sont les autorités françaises et espagnoles qui auraient la responsabilité de cet enlèvement.
Nous assistons à une négation des droits fondamentaux. Comme au temps de Franco, des partis sont interdits, des médias fermés, et la torture persiste». Les militants de la gauche abertzale ont également rappelé «qu'au mois de décembre dernier, Juan Mari Mujika avait été séquestré pendant deux heures, victime d'un enlèvement de la part de la police espagnole. Cela est impossible sans l'aide directe de la police française. Aujourd'hui, le ministre de l'intérieur Rubalcaba affirme que l'Etat Espagnol n'est pour rien dans cette affaire. Quels sont les éléments en sa possession, pour affirmer cela?» s'exclame Xabi Larralde. Et le dirigeant de la gauche abertzale de rappeler les disparitions encore à ce jour non élucidées : celles de Popo Larre, Naparra et Pertur. «Il appartient au Gouvernement Français de répondre» souligne Xabi Larralde.
Par ailleurs, la gauche abertzale a lancé un appel aux partis et mouvements sociaux, «afin qu'ils se positionnent et dénoncent cette situation».
Une manifestation aura lieu aujourd'hui, samedi à 17h devant le Vieux Casino d'Hendaye et le mouvement pro-amnistie Askatasuna a constitué des groupes de personnes, qui ce même jour referont en train le trajet emprunté par Jon Anza le 18 avril, de la gare de Bayonne à celle de Toulouse. Ils apposeront des affiches, avec la photo du militant, et ce afin de recueillir des indices.
Des militants qui ont tenu à réaffirmer «qu'ils feront tout ce qu'ils pourront, pour retrouver Jon».
Une plainte a été déposée par la famille et dans ce cadre la compagne de Jon Anza a été interrogée hier et leur maison commune fouillée.
Anne Kayanakis, procureur au Tribunal de Bayonne a déclaré «que le Parquet prenait très au sérieux cette disparition.» L'enquête a été confiée à la PJ de Bayonne et pour le moment, les amis militants de Jon Anza ne sont pas tenus informés de son déroulement. Il y a certes de quoi être inquiet car le Pays Basque nord a connu de près la «guerre sale» et ses effets tragiques. Sans parler des crimes commis par le BVE( Batallon Vasco Español), l'époque sanglante du GAL qui débuta en 1983 est encore présente dans bien des mémoires.
Joxi Lasa et Joxean Zabala furent les premiers de cette liste macabre dressée par le GAL. Ils furent enlevés le 16 octobre 1983 dans un parking du Petit-Bayonne. Leurs dépouilles seront enfin identifiées en 1995 à Alicante, douze années plus tard.
Le 4 décembre 1983, Segundo Marey sera enlevé à son domicile à Hendaye et relâché le 14 décembre, avec dans sa poche un papier de revendication où apparut pour la première fois le sigle du GAL.
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